mercredi 23 septembre 2015

Championnat de France Etampes-Mondésir


Le championnat de France de pilotage de montgolfière 2015 s'est déroulé à partir de l’aérodrome d'Etampes-Mondésir.


7ème participation au championnat de France en tant qu’équipier ou navigateur :
je vais vous faire partager quelques impressions et le ressenti d’un vol, la préparation des épreuves, le vol et l’après-vol.

Epreuve du soir, dimanche 23 août 2015

17h00 : Le sas devant la zone réservée pour le « briefing » bruit de commentaires suite aux données météorologiques actualisées : le vol de ce soir devrait se confirmer.

17H15 : nous avons accès à la salle de briefing, pilotes et navigateurs rejoignent la table qui leur est attribuée. Ce soir, à côté de la feuille d’épreuve et de la fiche avec les données météorologiques, il y a un « marqueur »[1] de couleur bleu-ciel, ce qui signifie qu’il y aura au moins une cible à approcher avec la plus grande précision.

Découverte de la feuille d’épreuve : vite vite bien comprendre l’ensemble des épreuves et les subtilités sous-jacentes. Il  reste un peu plus de 10 minutes pour reporter les informations d’épreuve à la fois sur la carte papier et dans le GPS, avant la lecture officielle de la feuille par le Directeur des vols.
Pour un vol du soir, cela va être dense : 3 épreuves avec un décollage commun depuis le même lieu pour l’ensemble des ballons compétiteurs (42 français, 15 britanniques[2], et deux pilotes invités - un luxembourgeois et un polonais).

Première épreuve (Valse-hésitation[3]) : se rapprocher au plus près d’une cible déployée au sol et lancer son « marqueur » au plus près du centre de la croix.

Deuxième épreuve  (Epreuve 3D): une épreuve avec peu de repères au sol, puisqu’il s’agit d’une épreuve en 3 dimensions où il faut parcourir la plus grande distance dans un volume limité dont le pilote déclare le centre avant  une heure indiquée dans la feuille d’épreuve[4].

Troisième épreuve (Le bon choix[5]) : un but déclaré par le pilote dans l’espace, la feuille d’épreuve indique que le but doit être un point au minimum à 150 m /sol (1000 pieds au-dessus du niveau de la mer) et que la déclaration du choix doit se faire avant le début de l’épreuve n°2.
 
Nous analysons la feuille météorologique. En espérant que les prévisions météorologiques seront assez fidèles à la réalité, nous choisissons un point pour le centre du «gâteau » pour la deuxième épreuve. La déclaration du  but choisi par le pilote (3eme épreuve) se fera en vol.

Le directeur des vols annonce une autorisation de décollage à partir de 19H00 pour une période autorisée de décollage de 30 minutes, nous avons donc 45 minutes pour nous rendre sur le lieux de décollage, déployer la montgolfière, et la préparer pour l’envol, ainsi que confirmer les choix pressentis.

Un drapeau jaune, suivi d’un drapeau rose : des informations complémentaires vont nous être communiquées, nous nous dirigeons vers le mat à signaux. Le directeur des vols nous annonce les dernières données météo et déclare que le décollage sera autorisé de 19h15 pour une durée de 45 minutes, sachant que nous avons jusqu’au coucher de soleil aéronautique pour faire l’ensemble des épreuves et nous poser.

Un deuxième « pilot » (envoi d’un petit ballon à hélium pour constater la direction des vents) est effectué par l’équipe météo. Les directions des vents depuis le premier pilot effectué deux heures avant ont légèrement changées.


Stratégie : se fier aux vents issus des modèles des prévisions ou intégrer les dernières observations ? Nous optons pour prendre en compte majoritairement dans notre choix des cibles le modèle météo. Le pilote me donne donc comme cible dans la valse-hésitation la 5A (c’est la cible la plus à l’Est sur la carte).

Il nous reste à définir le centre du « gâteau » qui doit être déclaré avant le drapeau vert, il nous reste 5 minutes pour confirmer notre choix.


Quelques échanges avec d’autres pilotes, avec qui habituellement nous partageons des avis, et c’est  fait le pilote choisi les coordonnées du centre de la cible de l’épreuve 3D, ce sera au Nord-Est par rapport à notre point de décollage à 1000 pieds MSL. Je rentre les coordonnées et altitude dans le « logger[6] » officiel, véritable mouchard qui restitue l’ensemble de notre trajectoire depuis quelques minutes avant le décollage jusqu’à l’atterrissage.

Pendant ce temps, les équipiers en charge de la préparation du ballon préparent le brûleur, font les essais bruleurs et déploient l’enveloppe.

C’est bon il est 19h10, un signal d’avertisseur sonore retentit, un drapeau jaune est hissée, dans 5 minutes une nouvelle information ou signal nous sera donnée.
19H15 : nouveau signal sonore, le drapeau vert est hissé , la ventilation des enveloppes et les décollages sont désormais autorisés. Nous peaufinons en équipe les choix de notre stratégie de vol.
19H28 : mise en marche du ventilateur qui va insuffler de l’air froid ans l’enveloppe qui commence à se mettre en forme. Un des équipiers fixe la soupape au sommet du « ballon ». Un autre des équipiers allume un brûleur et l’air chaud fait s’élever peu à peu l’ensemble de l’enveloppe.

19h40 : quelques rafales au sol, deux équipiers ne seront pas de trop pour tendre la corde de couronne.

19h43 : encore quelques coups de chauffe, le ballon est maintenant complétement debout. Mais cela brasse pas mal, cela va être sportif pour monter à bord.

19h47 : vite amener le matériel (tablette et cartes), et grimper dans la nacelle.

19h50 : l’aire d’envol est libre, coup de bruleur en continue, nous quittons le « plancher des vaches ».

19h51 : repérage en visu de la cible : c’est bon elle se dessine là-bas légèrement sur notre gauche, j’en informe le pilote. C’est une petite croix blanche entre deux hameaux. C’est bon les vents sont de notre côté, nous sommes dans la bonne direction,
19h55 : nous sommes en plein dans l’axe de la cible, je prépare le « marqueur » et donne les consignes d’épreuve : largage libre. Cela veut dire qu’on peut « mouliner » ou lancer avec force le marqueur pour atteindre au plus près le centre de la croix.

20h02 : le pilote donne quelques brefs coups sur la corde de soupape, nous perdons de l’altitude de manière significative pour atteindre moins d’une quinzaine de mètres/sol. Nous sommes à une vingtaine de mètres de la cible, quinze mètres maintenant. Désormais, nous sommes quasiment à la verticale du centre de la cible. Le pilote lance le marqueur bleu-ciel. Pas trop mal celui-ci atterrit à environ 7 mètres du centre.

20H03 : rejoindre maintenant le «gâteau» dans le ciel. Une épreuve en 3D qui se fait majoritairement aux instruments.

20h08 : nous devons déclarer notre bon choix de la troisième épreuve à au moins une distance de 2km de celui-ci, mais à moins de 8km du but choisi. Michel, me donne les coordonnées de notre bon choix, ainsi que son altitude, qu’il faut rentrer dans le « logger ».

20h12 : nous entrons dans le « gâteau en 3D », il faut faire maintenant la plus grande distance dedans. C’est en jouant sur les différentes couches de vents que nous pourrons y arriver, il s’agit d’en attraper en montant (en chauffant) ou en descendant en ouvrant légèrement la soupape qui libère de l’air chaud. Nous ferons finalement plus de 4000 m en distance comptabilisable, ce qui nous classe dans les premiers pour cette épreuve.

20h18 : nous sommes à 120 m en 2D de notre but de la dernière épreuve, 200 m en 3D, je « droppe[7] » dans le «logger » le point, (je marque ainsi virtuellement un point dans l’espace qui indique notre position la plus proche de notre but). Ce sera cette marque électronique qui servira à comptabiliser la distance par rapport à notre but.

20h19 : Le pilote recherche maintenant un terrain pour atterrir.
L’atterrissage risque d’être percutant : il faut ranger rapidement le matériel, la tablette, le GPS, pour les protéger du potentiel choc lors de l’impact avec le sol.

20h23 :Nous progressons dans notre descente, le pilote éteint un brûleur, puis l’autre. Nous allons percuter le sol…je me mets en position d’atterrissage (jambes légèrement repliées, pieds bien à plat sur la plancher de la nacelle).

20h24 Le sol s’approche, nous percutons tout compte fait qu’assez légèrement le sol, le vent est moins fort que prévu, mais trainons la nacelle sur une petite dizaine de mètres.
C’est bon l’enveloppe est immobilisée : nous avons atterri. J’éteins le GPS, le «logger » de compétition et joins par radio l’équipage au sol pour lui confirmer notre lieu d’atterrissage pour qu’il vienne nous récupérer.
Le vol de ce soir aura été relativement court : puisque les 3 épreuves auront été parcourues en une demi-heure.

Malheureusement pas eu beaucoup le temps d’apprécier les belles couleurs du ciel et soleil couchant ainsi que celles des montgolfières et du paysage de Beauce ce soir. Ce n’est que partie remise à l’occasion de vols loisirs du rassemblement de Cirrus.

En attendant l’équipage nous « brassons » et replions l’enveloppe puis démontons les brûleurs et le cadre de charge. De la pluie est prévue pour au moins la nuit donc nous allons devoir mettre le matériel sous bâche.

21h30 : retour au centre de compétition (l’aérodrome de Mondésir) pour le «debriefing ». Nous rendons le « logger » et faisons le plein de gaz en prévision du vol du lendemain matin.

22h30 : nous partageons ensemble le dîner dans la salle prévue à cette effet et échangeons avec d’autres équipages les impressions de ce vol.

23h00 : retour vers le lieu d’hébergement.

23h30 : extinctions des feux, le réveil est prévu pour le lendemain matin pour 04H45, avec une arrivée au centre de compétition pour 05H30…

Thomas.


[1] Marqueur : ruban de tissu en nylon enduit d’environ 10 cm de large et 1,70 m de long lesté à une extrémité d’un petit sac (de sable ou de riz) de 70g.
[2] Cette année Etampes (tout comme Brissac en 2013) a accueilli conjointement le 41ème championnat de France et le 40ème Championnat Britannique (« British National ») de ballons à air chaud.
[3] Avant le début de l’épreuve, le directeur des vols place ou fait placer plusieurs cibles à des endroits quelconques situés dans l’aire de la carte de compétition et espacées entre elles d'au moins 100 mètres. Le concurrent décolle de la zone d’envol. Il largue son marqueur le plus près possible d'une cible de son choix. Le concurrent n’a droit qu’à une seule tentative.
[4] Celle-ci sera avant l’heure autorisée de décollage (drapeau vert au mât à signaux).
[5] Chaque concurrent cherche à marquer (marque ou point de trajectoire valide) près d'un but qu'il choisit et déclare pendant le vol.
[6] Logger terme anglais équivalent à enregistreur.
[7] de l’anglais to drop : lancer, lâcher.