Le championnat de France de pilotage de montgolfière 2015 s'est déroulé à partir de l’aérodrome d'Etampes-Mondésir.
7ème participation au championnat de France en tant
qu’équipier ou navigateur :
je vais vous faire partager quelques impressions et le ressenti d’un vol, la préparation des épreuves, le vol et l’après-vol.
je vais vous faire partager quelques impressions et le ressenti d’un vol, la préparation des épreuves, le vol et l’après-vol.
Epreuve du
soir, dimanche 23 août 2015
17h00 : Le sas devant la zone réservée pour le
« briefing » bruit de commentaires suite aux données météorologiques
actualisées : le vol de ce soir devrait se confirmer.
17H15 : nous avons accès à la salle de
briefing, pilotes et navigateurs rejoignent la table qui leur est attribuée. Ce
soir, à côté de la feuille d’épreuve et de la fiche avec les données
météorologiques, il y a un « marqueur »[1]
de couleur bleu-ciel, ce qui signifie qu’il y aura au moins une cible à
approcher avec la plus grande précision.
Découverte de la feuille d’épreuve : vite vite bien comprendre l’ensemble des épreuves et les
subtilités sous-jacentes. Il reste un
peu plus de 10 minutes pour reporter les informations d’épreuve à la fois sur
la carte papier et dans le GPS, avant la lecture officielle de la feuille par
le Directeur des vols.
Pour un vol du soir, cela va être dense : 3 épreuves avec un
décollage commun depuis le même lieu pour l’ensemble des ballons compétiteurs
(42 français, 15 britanniques[2],
et deux pilotes invités - un luxembourgeois et un polonais).
Première épreuve (Valse-hésitation[3]) :
se rapprocher au plus près d’une cible déployée au sol et lancer son
« marqueur » au plus près du centre de la croix.
Deuxième épreuve
(Epreuve 3D): une épreuve avec peu de repères au sol, puisqu’il s’agit d’une épreuve en 3 dimensions où il faut parcourir la plus grande distance dans un volume limité dont le pilote déclare le centre avant une heure indiquée dans la feuille d’épreuve[4].
Nous analysons la feuille météorologique. En
espérant que les prévisions météorologiques seront assez fidèles à la réalité,
nous choisissons un point pour le centre du «gâteau » pour la deuxième
épreuve. La déclaration du but choisi
par le pilote (3eme épreuve) se fera en vol.
Le directeur des vols annonce une autorisation de
décollage à partir de 19H00 pour une période autorisée de décollage de 30
minutes, nous avons donc 45 minutes pour nous rendre sur le lieux de décollage,
déployer la montgolfière, et la préparer pour l’envol, ainsi que confirmer les
choix pressentis.
Un drapeau jaune, suivi d’un drapeau rose :
des informations complémentaires vont nous être communiquées, nous nous dirigeons
vers le mat à signaux. Le directeur des vols nous annonce les dernières données
météo et déclare que le décollage sera autorisé de 19h15 pour une durée de 45
minutes, sachant que nous avons jusqu’au coucher de soleil aéronautique pour
faire l’ensemble des épreuves et nous poser.
Un deuxième « pilot » (envoi d’un petit
ballon à hélium pour constater la direction des vents) est effectué par
l’équipe météo. Les directions des vents depuis le premier pilot effectué deux
heures avant ont légèrement changées.
Stratégie : se fier aux vents issus des
modèles des prévisions ou intégrer les dernières observations ? Nous
optons pour prendre en compte majoritairement dans notre choix des cibles le
modèle météo. Le pilote me donne donc comme cible dans la valse-hésitation la
5A (c’est la cible la plus à l’Est sur la carte).
Il nous reste à définir le centre du « gâteau »
qui doit être déclaré avant le drapeau vert, il nous reste 5 minutes pour confirmer
notre choix.
Pendant ce temps, les équipiers en charge de la préparation
du ballon préparent le brûleur, font les essais bruleurs et déploient
l’enveloppe.
C’est bon il est 19h10, un signal d’avertisseur
sonore retentit, un drapeau jaune est hissée, dans 5 minutes une nouvelle
information ou signal nous sera donnée.
19H15 : nouveau signal sonore, le drapeau vert
est hissé , la ventilation des enveloppes et les
décollages sont désormais autorisés. Nous peaufinons en équipe les choix de
notre stratégie de vol.
19H28 : mise en marche du ventilateur qui va
insuffler de l’air froid ans l’enveloppe qui commence à se mettre en forme. Un
des équipiers fixe la soupape au sommet du « ballon ». Un autre des
équipiers allume un brûleur et l’air chaud fait s’élever peu à peu l’ensemble
de l’enveloppe.
19h40 : quelques rafales au sol, deux
équipiers ne seront pas de trop pour tendre la corde de couronne.
19h43 : encore quelques coups de chauffe, le
ballon est maintenant complétement debout. Mais cela brasse pas mal, cela va
être sportif pour monter à bord.
19h47 : vite amener le matériel (tablette et
cartes), et grimper dans la nacelle.
19h51 : repérage en visu de la cible : c’est
bon elle se dessine là-bas légèrement sur notre gauche, j’en informe le pilote.
C’est une petite croix blanche entre deux hameaux. C’est bon les vents sont de
notre côté, nous sommes dans la bonne direction,
19h55 : nous sommes en plein dans l’axe de la
cible, je prépare le « marqueur » et donne les consignes
d’épreuve : largage libre. Cela veut dire qu’on peut « mouliner »
ou lancer avec force le marqueur pour atteindre au plus près le centre de la
croix.
20h02 : le pilote donne quelques brefs coups
sur la corde de soupape, nous perdons de l’altitude de manière significative
pour atteindre moins d’une quinzaine de mètres/sol. Nous sommes à une vingtaine
de mètres de la cible, quinze mètres maintenant. Désormais, nous sommes quasiment
à la verticale du centre de la cible. Le pilote lance le marqueur bleu-ciel. Pas
trop mal celui-ci atterrit à environ 7 mètres du centre.
20H03 : rejoindre maintenant le «gâteau» dans
le ciel. Une épreuve en 3D qui se fait majoritairement aux instruments.
20h08 : nous devons déclarer notre bon choix
de la troisième épreuve à au moins une distance de 2km de celui-ci, mais à
moins de 8km du but choisi. Michel, me donne les coordonnées de notre bon
choix, ainsi que son altitude, qu’il faut rentrer dans le « logger ».
20h12 : nous entrons dans le « gâteau en
3D », il faut faire maintenant la plus grande distance dedans. C’est en
jouant sur les différentes couches de vents que nous pourrons y arriver, il
s’agit d’en attraper en montant (en chauffant) ou en descendant en ouvrant légèrement
la soupape qui libère de l’air chaud. Nous ferons finalement plus de 4000 m en
distance comptabilisable, ce qui nous classe dans les premiers pour cette
épreuve.
20h18 : nous sommes à 120 m en 2D de notre but
de la dernière épreuve, 200 m en 3D, je « droppe[7] »
dans le «logger » le point, (je marque ainsi
virtuellement un point dans l’espace qui indique notre position la plus proche
de notre but). Ce sera cette marque électronique qui servira à comptabiliser la
distance par rapport à notre but.
20h19 : Le pilote recherche maintenant un
terrain pour atterrir.
L’atterrissage risque d’être percutant : il
faut ranger rapidement le matériel, la tablette, le GPS, pour les protéger du
potentiel choc lors de l’impact avec le sol.
20h23 :Nous progressons
dans notre descente, le pilote éteint un brûleur, puis l’autre. Nous allons
percuter le sol…je me mets en position d’atterrissage (jambes légèrement repliées,
pieds bien à plat sur la plancher de la nacelle).
20h24 Le sol s’approche, nous percutons tout compte
fait qu’assez légèrement le sol, le vent est moins fort que prévu, mais trainons
la nacelle sur une petite dizaine de mètres.
C’est bon l’enveloppe est immobilisée : nous
avons atterri. J’éteins le GPS, le «logger » de
compétition et joins par radio l’équipage au sol pour lui confirmer notre lieu
d’atterrissage pour qu’il vienne nous récupérer.
Malheureusement pas eu beaucoup le temps
d’apprécier les belles couleurs du ciel et soleil couchant ainsi que celles des
montgolfières et du paysage de Beauce ce soir. Ce n’est que partie remise à l’occasion
de vols loisirs du rassemblement de Cirrus.
En attendant l’équipage nous « brassons »
et replions l’enveloppe puis démontons les brûleurs et le cadre de charge. De
la pluie est prévue pour au moins la nuit donc nous allons devoir mettre le matériel
sous bâche.
21h30 : retour au centre de compétition
(l’aérodrome de Mondésir) pour le «debriefing ». Nous rendons le « logger » et faisons le plein de gaz en prévision du
vol du lendemain matin.
22h30 : nous partageons ensemble le dîner dans
la salle prévue à cette effet et échangeons avec d’autres équipages les
impressions de ce vol.
23h00 : retour vers le lieu d’hébergement.
23h30 : extinctions des feux, le réveil est prévu
pour le lendemain matin pour 04H45, avec une arrivée au centre de compétition
pour 05H30…
Thomas.
[1] Marqueur :
ruban de tissu en nylon enduit d’environ 10 cm de large et 1,70 m de long lesté
à une extrémité d’un petit sac (de sable ou de riz) de 70g.
[2] Cette
année Etampes (tout comme Brissac en 2013) a accueilli conjointement le 41ème
championnat de France et le 40ème Championnat Britannique (« British
National ») de ballons à air chaud.
[3] Avant le
début de l’épreuve, le directeur des vols place ou fait placer plusieurs cibles
à des endroits quelconques situés dans l’aire de la carte de compétition et
espacées entre elles d'au moins 100 mètres. Le concurrent décolle de la zone
d’envol. Il largue son marqueur le plus près possible d'une cible de son choix.
Le concurrent n’a droit qu’à une seule tentative.
[4] Celle-ci
sera avant l’heure autorisée de décollage (drapeau vert au mât à signaux).
[5] Chaque
concurrent cherche à marquer (marque ou point de trajectoire valide) près d'un
but qu'il choisit et déclare pendant le vol.
[6] Logger terme anglais équivalent à enregistreur.
[7] de l’anglais to drop : lancer, lâcher.